Je reviens sur un article paru sur le site du Figaro à la fin du mois de juillet et intitulé « Ces technologies qui permettent de découvrir autrement le patrimoine ». Les nouvelles technologies constituent effectivement une approche supplémentaire, différente et parfois ludique, d’un site. Les expositions virtuelles de la BNF, mentionnées dans l’article, sont de grande qualité et apportent un éclairage vraiment intéressant.
Il me semble qu’il faut distinguer plusieurs approches dans l’utilisation de ces nouvelles technologies :
- l’apport d’informations complémentaires par le biais du Web (les expos de la BNF)
- la reconstitution virtuelle de sites, qui rend la visite plus « parlante » (l’exemple de Cluny), ou de l’utilisation de certains outils
- les applications qui peuvent rendre plus ludiques certaines présentations muséales (l’exemple de la Tour de Londres)
Néanmoins, sans nier cet apport important, cet article m’interpelle à plusieurs titres. Les musées et sites culturels ne se divisent pas en « salles aux parquets qui craquent et [en] monuments certes vénérables, mais aux trois quarts en ruine » d’une part, et en lieux super-équipés d’autre part.
Cette vision met l’accent sur l’approche supposée « vieillotte » des musées traditionnels et des monuments non équipés en nouvelles technologies. Or, il existe un juste milieu et des lieux qui précisément, sans avoir de moyens financiers exceptionnels, parviennent à rendre la visite intéressante et instructive. L’aspect ludique est aussi beaucoup souligné puisque l’on nous parle des « galeries de la préhistoire des musées anthropologiques [qui] ne sont plus des enfilades de silex taillés montrés dans des vitrines poussiéreuses ». Cette présentation existe encore parfois, c’est sûr. Il se trouve qu’un certain public apprécie encore cette présentation traditionnelle des objets, sans effets particuliers. Il n’y a qu’à penser au succès rencontré par certains muséums d’histoire naturelle qui conservent la présentation du XIXe siècle.
Le tout, il me semble, réside dans la qualité scientifique et la pédagogie du musée. A quoi sert de mettre en place des applications technologiques révolutionnaires si le contenu n’y est pas ? Le musée peut distraire mais n’oublions pas qu’il peut instruire aussi… Les moyens mentionnés sont certes très intéressants mais tout le monde ne va pas « télécharger quantité d’informations à partir d’une borne bluetooth située à l’accueil ». En somme, qu’un musée ou qu’un site dispose ou non de ces moyens, le principal est peut-être que la grande majorité du public en ressorte en ayant appris quelque chose ou en s’étant distrait, mais les technologies ne suffisent pas à cela. Il faut surtout un projet scientifique et culturel fort, qui touche la majorité des visiteurs, sans privilégier les connaisseurs ni simplifier à l’extrême son propos.
Les nouvelles technologies, bien utilisées, peuvent permettre cela mais elles ne doivent pas être opposées, à mon sens, à une présentation traditionnelle réputée soporifique, elles doivent s’inscrire en complément. Le côté ludique seul ne peut être privilégié, sous peine de passer à côté des fonctions essentielles des musées et monuments historiques.
Sur la restitution virtuelle de la Rome antique, voir http://bsa.biblio.univ-lille3.fr/blog/2011/01/en-cheminant-dans-la-rome-antique/
Je trouve aussi que l'article du Figaro est un peu incomplet…L'apport des TIC, c'est assi de pouvoir choisir sa visite, avant, sur un site Internet. Et voir sur ce site des parties non exposées aux publics ( les réserves, la documentation, etc…).Enfin, grâce aux NTIC, on peut laisser un avis, une appréciation, discuter de sa visite, après, sur un forum, via un blog interactif. Evelyne Lehalle