Les réserves constituent un lieu indispensable au fonctionnement d’un musée. Si elles ne sont pas ce dont on parle le plus, le projet actuellement mené en Ile-de-France les a un peu médiatisées. En effet, un « centre de réserves, de recherche, de restauration et d’études du patrimoine » va y être implanté en 2013, rassemblant les collections qui actuellement ne sont pas exposées de manière permanente au public. Plusieurs musées parisiens situés en bord de Seine sont concernés (le Louvre, les Arts décoratifs et le musée du quai Branly entre autres).
Il s’agit d’une mesure préventive visant à protéger les collections en cas de crue, comme celle qui avait eu lieu au début de l’année 1910. Dans la première phase d’élaboration du projet, trois collectivités ayant présenté leur candidature ont été retenues : Cergy-Pontoise, Nanterre et Neuilly-sur-Marne. L’emplacement définitif devrait être connu prochainement. Un article paru dans le Journal des Arts en novembre 2008 fait le point sur les enjeux liés à ce déménagement et sur les aspects financiers, qui jouent un rôle majeur. Ce nouveau site sera donc dédié à la conservation des collections mais aussi à des activités de recherche et de restauration.
Il est intéressant de faire un point sur ce que sont les réserves. Quelles en sont les fonctions ? Comment sont-elles organisées d’un musée à un autre ?
La réserve, même si l’on sait que tous les musées n’en sont pas au même stade, doit répondre à certaines normes. En effet, il ne s’agit pas juste de stocker des œuvres, mais d’assurer leur conservation, leur étude et les mouvements qui peuvent les concerner (en cas d’expositions au sein du musée, de prêt, de mise en quarantaine, de consultation par des chercheurs…). La difficulté consiste à rassembler dans un lieu au volume limité des collections de toute nature, composées de matériaux différents. Or, ces matériaux demandent chacun des mesures de conservation préventive spécifiques. Matériaux d’emballage appropriés, température et humidité relative contrôlées… l’organisation réfléchie de la réserve est donc essentielle. Il faut de même prévoir d’éventuels sinistres (l’évacuation des pièces) et de manière générale, faire attention à tous les facteurs possibles de dégradation des collections (vibrations, infestation…).
Comment les musées se plient-ils à ces différentes exigences ? Réserves internes ou externalisées, la construction ou la mise aux normes de ces lieux débouchent sur des réalisations très intéressantes. Ainsi, le complexe muséologique du musée de la Civilisation (Québec) présente sur son site un dossier consacré à ses réserves. Des détails sont donnés sur la répartition des collections par matériau.
Sur le site La Banque des savoirs (conseil général de l’Essonne), un dossier décrit le fonctionnement des réserves du musée des Arts et Métiers. A voir, la vidéo présentant le parcours d’un objet au sein des réserves, en vue de sa sortie pour exposition.
Toutes les précautions à prendre permettent-elles d’ouvrir les réserves au public ? Les musées autorisent l’accès, comme on l’a vu, aux chercheurs et professionnels. Lors de certains évènements ponctuels, les réserves peuvent également être ouvertes à un public plus large. La Cité de l’architecture et du patrimoine propose dans un cycle « Trésors des réserves » de voir des pièces non présentées d’ordinaire (« Vierges à l’Enfant » jusqu’au 22 juin). Un article paru en 2007 (Le Journal des Arts n° 256), annonçant un débat à l’auditorium du Louvre, examine cette question en mentionnant diverses expériences de réserves ouvertes au public.
Image : Le Petit Journal du 28 janvier 1910 / Source : http://gallica.bnf.fr/
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