Les moyens de la culture… ou la culture sans moyens

Les réactions que j’ai pu lire à la grève dans les musées m’ont souvent paru un peu inquiétantes (commentaires de cet article d’Eco89 par exemple). Outre la très malheureuse association, fort répandue, « fonctionnaire=fainéant », il apparaît quand même un grand décalage, je trouve, entre la réalité du travail en musée et l’image que la majorité s’en fait. Cela concerne d’ailleurs le patrimoine en général.

Quelques grandes opérations (Journées du Patrimoine par exemple) donnent l’impression que ce domaine bénéficie de moyens financiers suffisants. Or, sans parler précisément des crédits insuffisants dévolus aux monuments historiques, le secteur culturel dans son ensemble pâtit d’un manque structurel de moyens. Qui sait en France, excepté les plus concernés, que la part du budget de l’Etat consacrée à la culture ne représente même pas 1% du budget global ?

La culture et plus particulièrement le patrimoine, terme qui devient presque par moments un mot-valise, ne font visiblement pas partie des priorités. Ce n’est pas tout à fait un hasard si dans un pays comme la France où prévaut le financement public de la culture, les institutions sont amenées à se rallier à un modèle de financement par le privé. Le mécénat devient par conséquent primordial si l’on veut maintenir la qualité des expositions permanentes et temporaires avec toujours moins de moyens.

La meilleure illustration de ce phénomène n’est-elle pas la baisse drastique des recrutements ? Des concours disparaissent (assistant de conservation), d’autres sont ouverts tous les 4 ans (Attaché de conservation) et/ou voient le nombre de places offertes diminuer de manière parlante (actuellement entre 2 et 30 places maximum aux différents concours culturels, pour généralement 500 à 1000 candidats). Je trouve que cette réalité est malheureusement bien trop ignorée. Si l’on veut continuer à mettre en avant les richesses patrimoniales françaises, notamment en termes de développement touristique, il serait bon de leur accorder un peu plus d’importance en termes de moyens. Il ne s’agit donc pas « seulement », à mon sens, du non-renouvellement des postes dans le cadre de la RGPP, mais bien d’un problème structurel.

Avant de penser que ces grèves sont injustifiées, il serait bon de s’interroger sur les personnes qui font en sorte que les collections soient accessibles et mises en valeur et de ne pas considérer la culture sous le seul angle de la rentabilité. Il existe bien d’autres problèmes qui nécessitent des moyens importants mais la culture est vecteur de développement (pas seulement économique) et demande un investissement au moins minimal.

Pour établir un lien avec ce qui m’intéresse plus particulièrement dans ce blog, la diffusion culturelle par le Web, il apparaît évident que cette diffusion nécessite des moyens supplémentaires afin de combler la « fracture numérique » qui existe déjà.

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